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Le parfait alignement des cadres est indispensable à une bonne tenue de route. Celle-ci dépend essentiellement de la position des roues qui doivent être, en ligne droite, rigoureusement dans le même plan. La qualité maîtresse d'un cadre c'est de résister à tous les efforts de torsion. Autrefois, il est arrivé souvent, et nous en avons pratiquement fait l'expérience, qu'une machine attelée à un sidecar, devenait, par suite de la déformation du cadre, absolument inutilisable en solo. Un sidecar inflige, en effet, à une machine, des efforts latéraux considérables, spécialement dans les virages. Actuellement, cadres et fourches sont plus scientifiquement établis et les attaches sont calculées, soit pour laisser à l'accouplement une certaine souplesse (et c'est la solution que personnellement nous préférons), soit au contraire, pour répartir l'effort sur tout l'ensemble de la machine (attaches multiples). Les cadres actuels avec leur rigidité dans le plan latéral sont par ailleurs, beaucoup plus résistants aux efforts de torsion et en conséquence sont beaucoup moins enclins à une déformation.
Un parfait alignement est nécessaire non seulement à une bonne tenue de route, mais encore au bon rendement de la transmission, même dans le cas d'une transmission par chaîne. Toute erreur d'alignement se traduit non seulement par une perte de puissance mais aussi par une usure rapide des pignons et des chaînes.
Dans les usines, c'est à l'aide de marbres et de cales métalliques qu'on s'assure du parfait alignement. C'est là un matériel dont nous ne pouvons naturellement pas disposer. Avec quelque ingéniosité, nous pouvons néanmoins nous tirer d'affaire. Mais cette vérification n'est que rarement nécessaire, et c'est seulement si notre machine tient mal la route, en particulier, après une chute ou une collision qu'il sera utile d'y procéder. Quant au redressement du cadre lui-même, il doit être considéré comme une réparation majeure et délicate qu'il sera infiniment préférable de confier au construcfeur ou à un spécialiste qualifié. Notons d'ailleurs qu'il y a plus d'une machine qui roule avec des roues qui ne sont pas rigoureusement alignées et que, d'autre part, il arrive qu'une mauvaise tenue de route n'ait pas pour cause un mauvais alignement des roues, mais des pneus dont la bande de roulement a été mal moulée et est, si l'on peut ainsi s'exprimer, voilée. Nous avons vu le cas sur une machine de course. Sur certaines motos anciennes il se produisait du shimmy à certaines allures. La cause en était essentiellement le balourd des roues. Avec une suspenison AR et des roues mal équilibrées, il y a encore plus de chances de voir apparaître le shimmy. Donc, avant de vérifier l'alignement, commencez:
1° Par vous assurer que les roues sont équilibrées, (nous y reviendrons à propos de roues). 2° Que la roue AR est bien d'aplomb dans les fourches. 3° Que les roues ne sont pas voilées.
Si tout est en ordre de ce côté, appliquez une latte à plat, ou une longue règle contre les deux roues, le guidon étant bien perpendiculaire au plan de la machine. Si cette règle (de préférence en acier) ne porte pas complètement d'aplomb contre les roues, assurez-vous en premier lieu, que la roue arrière n'est pas de travers par suite d'un mauvais règlage des tendeurs de chaîne. Il est malheureusement difficile de faire cette vérification quand les bras de la fourche arrière ne sont pas rigoureusement symétriques. La vérification de l'aplomb des roues avec un fil à plomb n'est malheureusement pas facile non plus. Il est difficile de placer la machine dans une position rigoureusement verticale et on est gêné pour appuyer le fil à plomb contre le flanc du pneu. Si la machine n'est pas verticale, l'angle entre le fil à plomb et la roue doit être le même pour les roues AV et AR.
Si vous êtes bien sûr que le cadre est faussé, il vous faudra démonter toute la machine de manière que le cadre soit nu. Enlevez également la fourche et introduisez dans le tube de direction, un manche de bois qui rentre sans aucun jeu. Serrez ce manche de bois dans l'étau. Appliquez sur ce manche une équerre et sur celle-ci un niveau d'eau, et déplacez le manche jusqu'à ce que la bulle d'air soit au millieu du niveau. Puis le cadre étant bien perpendiculaire à l'établi, introduisez entre les pattes arrière, une barre de fer et appliquez sur celle-ci le niveau d'eau. La bulle d'air doit, bien entendu, se trouver encore au milieu. C'est à peu près tout ce que vous pouvez faire dans le cas d'un cadre à double berceau. Si le cadre est du type ancien, soit interrompu, soit à, simple berceau, vous pouvez opérer quelques vérifications supplémentaires. Appliquez la règle contre les deux tubes (celui d'avant et celui de selle) d'un côté puis de l'autre, et voyez si l'écart est le même des deux côtés entre la règle et le manche de bois introduit dans le tube de direction. Puis, la règle étant successivement appliquée entre les deux tubes, vous verrez si, à l'arrière, les pattes de fourche sont également à une égale distance de la règle.
Avec un cadre à double berceau, ces vérifications sont beaucoup plus délicates, et ne donnent d'indications exactes que si les tubes horizontaux du berceau sont parallèles. On peut toujours, en utilisant la règle, voir si la fourche est bien d'aplomb. Les bras de la fourche devant se trouver à, égale distance de la règle.
Quant à redresser vous-même un cadre, nous ne vous y engageons pas, et seul, un spécialiste est à même de le faire. |
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