La sortie, c'est par là ! Utilité de la motocyclette
Choix d'une machine
La popularité de la motocyclette dans un pays aussi pratique que l'Angleterre est le signe de l'intérêt qu'elle présente. Non seulement elle peut servir au touriste, soit pour flâner le long des routes proches de sa maison, soit pour gagner les contrées éloignées, mais elle peut, seule ou accouplée à un sidecar, permettre au petit commerçant de faire à peu de frais la livraison des marchandises, au facteur de faire les levées, de desservir un grand nombre de villages, au docteur d'étendre le rayon de sa clientèle, aux agents de police d'agir avec rapidité, au représentant de commerce de visiter plus rapidement ses clients, au notaire, à l'agent d'assurance d'enlever les affaires : elle peut, avec des frais à peine plus élevés, remplacer la bicyclette. Elle marche maintenant quel que soit le temps, le terrain, les côtes.

Bientôt, son cavalier sera, par un semblant de carrosserie, abrité des intempéries, et alors elle pourra tenir la place de l'automobile.

On peut les classer en trois catégories:
1° les machines légères
2° les machines mi-lourdes ou normales
3° les machines lourdes
Les machines légères
Les machines les plus légères sont évidemment les bicyclettes à moteur. La question est bien au point et des groupes moteurs excellents permettent la transformation. Puis viennent les scooters dont l'usage est limité à des promenades assez courtes. Nous arrivons enfin aux motocyclettes légères proprement dites. Un moteur à deux, ou à quatre temps, donne de 1 cheval 3/4 à 2 1/4, entraîne ces machines à une vitesse qui peut atteindre le 60 dans les circonstances les plus favorables. Un changement de vitesse leur permet de gravir les côtes les plus raides. La dépense en essence n'atteint pas trois litres aux cents kilomètres ; la dépense d'huile est d'environ 75 centimes pour cette distance : les pneus, qui coûtent un prix très abordable, durent autant que ceux d'une bicyclette.

Bref, le kilomètre tout compris (amortissement inclus) ne revient qu'à sept ou huit centimes. La vitesse moyenne atteint trente kilomètres à l'heure.

Les motos françaises telles qu'on les construisait avant la guerre étaient en général plus fortes (2 HP jusqu'à 3 HP 1/2). Elles ne comportaient pas obligatoirement de changement ue vitesse, mais cependant leur rendement, déjà très bon, peut être amélioré par un changement de vitesse progressif. Elles ont un ralenti parfait et peuvent atteindre de grandes vitesses (80 kilomètres à l'heure pour certaines d'entre elles). Elles permettent de réaliser des moyennes très élevées, mais leur poids trop faible les empêche de bien tenir la route à des vitesses par trop exagérées. Si on ne veut pas se fatiguer, on peut leur demander du 35 ou même plus, de moyenne, ce qui est déjà bien joli. On appréciera leur excédent de puissance dans les côtes. Leur prix d'achat d'occasion est de 2000 francs environ. Elles dépensent deux à trois litres d'essence aux cent kilomètres, deux litres d'huile aux cinq cents kilomètres, les pneus sont déjà sensiblement plus chers.

En somme, dans cette catégorie des motos légères, on a des machines très économiques comme prix d'achat et comme entretien, suffisamment rapides, capables de fournir même sur des profils assez durs, trente kilomètres par heure ; capables de véhiculer un cavalier normal et dix ou quinze kilos de bagages. On peut leur demander des étapes de 150 à 200 kilomètres par jour. On ne peut en aucun cas, traîner un sidecar mais actuellement l'industrie motocycliste française a créé des types nouveaux qui n'ont rien à envier aux meilleures machines étrangères.
Motos normales
Ces motos pèsent de 80 à 100 kilos et sont munies de moteurs de 350 à 600 cm3 de cylindrée, d'une force de 2 HP 3/4 à 5 HP, à un, deux ou quatre cylindres. Les unes, cette solution n'est pas à recommander, ne comportent ni débrayage, ni changement de vitesse. Les autres possèdent trois vitesses, débrayage, mise en marche par Kick starter. En dépit de la différence de prix, ce sont celles-là qu'il faut prendre. Si l'on regarde au prix, il vaut mieux soit acheter une machine d'occasion, soit acheter une moto légère, bien construite et munie d'un débrayage. Nous insistons sur ce point que la grosse moto pour rendre vraiment les services que l'on attend d'elle doit être complète, munie de deux vitesses au moins et d'un débrayage. Son prix est alors beaucoup plus élevé.

Il peut atteindre aujourd'hui, et même dépasser 4000 francs. Il s'agit donc là d'une première mise de fonds assez considérable et dont l'amortissement grève assez sérieusement le budget annuel. Les frais de réparations ne sont pas très élevés, car on a pu construire solidement, le poids ne s'y opposant pas. La dépense d'essence va de 3 litres 1/2 pour les 2 HP 3/4 à 5 litres environ pour les 5 chevaux. Le litre d'huile fait 200 à 250 kilomètres. Les pneus coûtent de 100 à 150 francs.

Mais si ces machines coûtent plus cher, elles rachètent ce défaut par bien des avantages. Leur poids plus grand, leur empattement font qu'elles tiennent parfaitement la route, même aux grandes allures. Le cavalier y est confortablement assis. On peut donc sans fatigue soutenir du 60 et faire 40 ou 45 de moyenne. Il est possible de prendre sans inconvénient beaucoup plus de bagages. Les étapes peuvent devenir beaucoup longues et atteindre pour dix heures de marche 300 ou 400 kilomètres. Nous ne conseillons guère de pareilles étapes au cours desquelles on ne peut voir de manière intéressante le pays qu'on traverse, mais on a une certaine satisfaction à penser qu'on peut les faire. Enfin, le gros avantage, celui qui a peut-être le plus contribué au succès de ce type en Angleterre, c'est la possibilité d'utiliser, même de manière suivie, un sidecar.

Moindre économie, rayon d'action plus grand, adaptation au sidecar, tels sont les avantages et les inconvénients de ce type de machine.
Machines pour Sidecar
Ce sont de vraies voiturettes sur 2 roues. Leur poids varie de 100 à 130, 150 et 180 kilos. Leur force va de 4 chevaux à 8 chevaux, ce qui correspond à des cylindrées allant de 550 cm3 à 1000 cm3. Elles sont munies obligatoirement d'un débrayage et d'un changement de vitesse et leur usage est réservé au sidecar. Leur pris est élevé et est compris entre 5000 et 6000 francs. Elles coûtent donc aussi cher qu'une voiturette de qualité médiocre, si on leur attèle un sidecar de 1800 à 2000 fr. Evidemment, leur construction est extraordinairement soignée et robuste. Elles permettent de marcher avec un sidecar à la vitesse où l'on marche en solo avec une machine de la seconde catégorie. Leur dépense en essence va de 6 à 8 litres par 100 kilomètres, 1 litre d'huile ne fait pas 200 kilomètres. Les pneus coûtent 150 francs et plus.

Il est bien évident que dans la pratique les catégories ne sont pas aussi nettement délimitées, mais enfin, grâce à ces quelques indications, l'acheteur pourra circonscrire ses recherches. La première chose qu'il faut se demander, c'est l'usage auquel la machine devra servir ; si on hésite, prendre la motocyclette la plus forte car, dit le vieux proverbe :" Qui peut le plus peut le moins "; il faut prévoir qu'une machine ne marche pas toujours aussi bien qu'à son début et que, précisément, l'excédent de puissance dont on disposera permettra de pallier aux défaillances qui se produiront.
Pages de publicité illustrant le Vade-Mecum du Motocycliste
Vade-Mecum du Motocycliste (3ème édition 1924). Traité pratique sur la bicyclette à moteur, la motocyclette et le sidecar. Par C. Lacome et H.P. Borestroke. Edité par Moto Revue. Revue bi-mensuelle illustrée et technique du Sport Motocycliste. 5 rue Saint Augustin - Paris. Vade-Mecum du Motocycliste (3ème édition 1924)
Traité pratique sur la bicyclette à moteur, la motocyclette et le sidecar
Par C. Lacome et H.P. Borestroke

Edité par Moto Revue
Revue bi-mensuelle illustrée et technique du Sport Motocycliste
5 rue Saint Augustin - Paris
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