La sortie, c'est par là ! Comment apprendre à monter à Moto
La conduite de la motocyclette sur terrains variés
Comment apprendre à monter à Moto Le premier soin d'un débutant doit être de se familiariser avec sa moto. Le meilleur conseil qu'on puisse lui donner c'est de faire ses débuts sur une bonne machine d'occasion. On ne saurait trop répéter que la motocyclette, comme tous les autres sports, nécessite un entraînement. On peut, si l'on débute sur une machine neuve, commettre une maladresse qui coûte cher. Il faut choisir une machine d'occasion en bon état, nous donnons par ailleurs le moyen de se rendre compte de l'état d'une machine. Evidemment si on a la chance, et il serait bien extraordinaire qu'on ne l'eût pas, de posséder un ami motocycliste, celà va tout seul. Il sera trop heureux de vous faciliter l'apprentissage, et ses avis vous seront précieux pour l'achat d'une machine. Vous perdrez d'ailleurs très peu sur le prix d'achat quand, votre apprentissage terminé, vous revendrez la vieille machine.

Un des procédés les plus commodes est de s'entendre pour cela avec le marchand auquel on commande sa machine neuve, il s'engagera très volontiers à reprendre la vieille machine avec une dépréciation insignifiante. Evidemment, ce qui paraît le plus difficile au débutant c'est le départ. Pour mettre les choses au pis supposons que sa machine n'a pas de débrayage. Comment va-t-il s'y prendre. La première chose à faire, c'est de mettre la machine sur le pied de la faire marcher à vide et de se familiariser avec le maniement des manettes. Le débutant se " poussera des colles ", se demandera ce qu'il ferait en tel ou tel cas particulier. Au bout de très peu de temps il finira par acquérir les réflexes nécessaires.

Alors il cherchera une route large, plate au mieux légèrement en pente. Il retirera la courroie et s'habituera à pédaler. Puis accoutumé à la machine il continuera, toujours sans, courroie, par pousser la machine puis par monter dessus en marche. Nous lui conseillerons, comme d'ailleurs à tous les motocyclistes qui ont une mise en marche à pédale, de lester très légèrement (par exemple en la munissant d'un petit morceau de plomb la pédale gauche), il pourra ainsi monter par la pédale, ce qui sera vraisemblablement plus facile pour lui que de sauter en selle directement. Une légère pente l'aidera beaucoup à accomplir ses premiers exercices.

Rien ne lui sera plus facile après que de faire ses premiers essais. Il pourra sauter en selle après avoir mis la machine en marche, ce qui est moins pénible que le départ à la pédale. Qu'il ne se laisse pas intimider par les explosions des moteurs. Pour partir il peut donner les gaz en grand ; dès la première explosion, il doit ramener la manette à une position moyenne, en même temps qu'il monte en selle. Il y a là un tour de main qu'on ne sera pas long à acquérir. En suivant ces quelques conseils, en ne se précipitant pas trop, on est sûr d'apprendre très rapidement et sans danger la conduite de la motocyclette.
Le départ
Rien n'est plus facile que de partir si la moto est bien construite et bien réglée. Si la machine n'a pas de débrayage, la mettre sur pied. Envoyer deux pompes d'huile au moteur après avoir vidé la vieille huile. Puis effectuer toujours dans le même ordre les opérations suivantes ; on doit arriver à les accomplir automatiquement:

1° Ouvrir le robinet d'essence ou dévisser de deux ou trois tours le pointeau.
2° Appuyer sur le poussoir du carburateur jusqu'à ce que l'essence déborde.
3° Au moyen d'une burette introduire quelques gouttes d'essence dans les cylindres par le robinet de compression du moteur. Si le moteur était extrêmement dur à mettre en route, on pourrait même employer de l'éther.
4° Fermer la manette d'air et ouvrir la manette des gaz à moitié.
5° Mettre la manette d'avance à l'allumage, à mi-course.
6° Etablir le courant électrique (rappelons que pour les magnétos il faut pour cela que les deux lames de l'interrupteur de guidon soient écartées).

Notre machine peut être munie d'un carburateur automatique sans manette de réglage d'air additionnel, d'un carburateur semi-automatique à réglage d'air additionnel, d'un carburateur non automatique. La mise en route diffère dans tes trois cas. L'essentiel pour les trois svstèmes, c'est d'avoir au début un excès d'essence. Or, si l'on se reporte au chapitre consacré aux carburateurs, l'on verra que pour le carburateur entièrement automatique l'excès d'essence est assuré lorsque l'admission est fermée. A ce moment le boisseau fait entrer en jeu le gicleur de ralenti ou le piston d'admission empêche l'air d'entrer et l'essence seule est aspirée. C'est donc en mettant la manette d'admission (la seule manette que comporte le carburateur dans ce cas) à sa disposition minima que le départ sera le plus facile. Pour les deux autres systèmes de carburateurs, on doit fermer la manette d'air pour avoir un excès d'essence. Nous traiterons dans le premier cas la manette d'admission comme la manette d'air des deux autres carburateurs. Donc, si l'on a un carburateur entièrement automatique, se servir de la manette d'admission de la même manière qu'une manette d'air.

La manette d'air étant fermée, la manette de gaz et celle d'avance à mi-course environ, se mettre en selle, ouvrir le décompresseur et pédaler vivement. Sitôt le moteur démarré lâcher le décompresseur brusquement. Ne pas toucher aux manettes de gaz et d'avance, mais ouvrir peu à peu l'air jusqu'à ce que le moteur parte. A ce moment le moteur marche généralement mal et a des ratés, il y a excès d'essence. Cela importe peu pourvu qu'on puisse le mettre en route facilement. On règlera la carburation quand la machine sera partie. Noter la position de la manette d'air à ce moment. Arrêter le moteur, remettre le pied en place. Il n'y a plus lieu de toucher aux manettes pour partir. Si on arrête le moteur en fermant la manette de gaz, la replacer à mi-course du secteur. Pour les petites machihes on peut partir avec plus de gaz, jusqu'au trois quarts environ. Appuyer sur le décompresseur, pousser la machine soit en courant à côté, soit en pédalant. Lâchez le décompresseur brusquement le plus tôt possible. La machine part. On saute en selle et on cherche la bonne carburation.

Si la machine est pourvue d'un débrayage on lance le moteur de la même façon sur le pied, puis le moteur lancé on débraye, on met la machine à terre, au moyen de la manette de l'air, on cherche la bonne carburation, on se met en selle et on démarre en embrayant progressivement. Il faut donner beaucoup de gaz, autrement on risquerait de caler. Il est bon d'aider la machine à démarrer, soit en pédalant, soit en la poussant du pied. Embrayer aussi progressivement, aussi lentement que possible, surtout si on n'a pas de changement de vitesse. Pour mettre en route avec un kick starter, il faut opérer de la même manière. On doit donner une poussée bien franche, bien vigoureuse sur le kick starter en lâchant, immédiatement et brusquement le levier du décompresseur.

En principe, quel que soit le mode de départ, il faut se rappeler:

1° Qu'un excès notable d'essence est nécessaire, car à ce moment l'essence se vaporise difficilement, on obvie à cette vaporisation difficile en inondant le carburateur et en injectant par le robinet de compression un peu d'essence ou d'éther. Certains moteurs comportent un petit tuyau d'essence qui aboutit au-dessus du godet du robinet décompresseur et dispense ainsi de chercher dans sa sacoche la burette à essence. Par contre, il est d'autres moteurs qui n'ont pas de robinet de compression. S'ils sont à culbuteurs on déposera quelques gouttes d'essence sur la queue de la soupape d'admission, elles s'infiltreront et pénétreront jusqu'à la chambre des soupapes.

2° Qu'on doit mettre passablement d'avance parce que, au moment du départ, l'étincelle fournie par la magnéto n'est pas très forte et met du temps à enflammer un mélange encore froid. Il faut donc pour que la déflagration se produise suffisamment à temps que l'étincelle enflamme le mélange avec un peu d'avance.

3° Qu'un moteur à essence ne pouvant fonctionnor qu'à un régime assez élevé, il faut atteindre le plus vite possible ce régime en appuyant bien franchement, sur les pédales ou sur le kick.

4° Que le décompresseur empêche le moteur d'aspirer les gaz et qu'il ne doit servir qu'à vaincre les premières compressions. Le lâcher donc le plus tôt et le plus brusquement possible. Aussitôt en selle, on cherchera la bonne carburation. La bonne carburation et celle qui comporte la plus petite proportion d'essence et la plus grande proportion d'air possible, car dans ces conditions le moteur chauffe moins et la dépense d'essence est évidement réduite. Nous ne pouvons agir sur le gicleur qui, sauf sur quelques machines, n'est pas modifiable en cours de route ; c'est donc par la manette d'air que nous opérons le réglage. Nous ouvrirons l'air jusqu'à ce que des ratés se fassent entendre, nous ramènerons légèrement la manette, en arrière, nous aurons la bonne carburation.
Conduite de la machine en plat
Trois manettes sont à notre disposition pour varier l'allure. Si nous avons un changement de vitesse il sera en grande vitesse. Les trois manettes sont:

1° la manette d'admission des gaz.
2° la manette d'air.
3° la manette d'avance à l'allumage.

Ces trois manettes doivent nous permettre d'obtenir à toutes les allures un perfectionnement parfait de notre moteur. Quelles doivent être leurs positions respectives ?

En terrain plat il n'y a aucun doute, elles doivent, si la machine est parfaitement réglée, se déplacer ensemble. Examinons en effet ce qui se passe.

Ouvrons la manette des gaz. C'est apparemment que nous voulons faire donner au moteur plus de force, c'est-à-dire aller plus vite. Si nous ne touchons pas aux autres manettes le réglage est mauvais. En effet, plus le moteur tourne vite, moins il lui faut d'essence et plus il lui faut d'air, donc si au moyen de la manette ad hoc nous ne lui envoyons pas plus d'air, la carburation sera trop riche en essence et le moteur chauffera. D'autre part, si nous ne mettons pas d'avance, l'étincelle se produisant au même moment ne fera pas déflagrer les gaz plus vite, le moteur ne tournera pas plus vite. Nous arriverons donc à un bien mauvais résultat: dépense plus forte d'essence, échauffement du moteur, vitesse identique. Evidemment nous exagérons un peu et un moteur auquel on donne plus de gaz tourne plus vite parce qu'il donne plus de force et qu'en tournant plus vite la magnéto donne une étincelle plus chaude et réalise ainsi une espèce d'avance ; et aussi un mélange riche en essence s'enflamme plus vite. Mais malgré tout ce moteur travaille dans de mauvaises conditions et ne tourne pas aussi vite que si on lui donne de l'avance.

Supposons au contraire que nous ouvrions la manette d'air et la manette d'avance concurremment avec la manette de gaz. Dans ce cas la quantité d'air admise est proportionnelle au nombre de tours, la carburation demeure bonne. D'autre part l'avance à l'allumage en avançant la production de l'étincelle permet au mélange explosif de déflagrer plus vite. Par conséquent, rien ne s'oppose plus à ce que le moteur tourne aussi, vite, tout y concourt, au contraire. Le moteur tourne aussi vite qu'il peut sans échauffement et sans dépense exagérée.

Mais on fatigue une machine à donner ainsi toujours toute sa force. De plus, un moteur, lorsque la machine n'a qu'une vitesse est trop démultiplié sur le plat, car on a dû prévoir une démultiplication suffisante pour qu'il puisse monter toutes les côtes. Ce moteur ne peut dépasser un régime donné. Nous aurons beau lui donner plus de gaz il n'ira pas plus vite, nous dépenserons de l'essence en pure perte, notre vitesse n'augmentera pas. Nous lui donnerons assez de gaz pour qu'il atteigne sa vitesse maxima, il serait inutile de lui en donner davantage: nous n'ouvrirons donc pas les gaz en grand. Par contre, nous laisserons la manette d'air et celle d'avance aussi loin que possible. Donc en plat pousser d'abord les trois manettes, mais ensuite ramener la manette de gaz autant qu'il est possible de faire sans diminuer la vitesse. Mais pour les machines à changement de vitesses, si on veut atteindre la plus grande vitesse, on peut pousser les trois manettes à fond: la multiplicaton étant parfaitement adaptée au terrain, il faut ouvrir les gaz en grand pour que le moteur tourne à sa pleine vitesse.

Si nous avons un conseil à donner aux débutants, c'est de ne pas trop pousser leurs machines. Il est bon de rester en dessous de la vitesse maxima que l'on peut atteindre. Si on veut marcher couramment à 60 à l'heure, il est prudent de prendre une machine qui puisse atteindre le 80. A partir d'une certaine allure un moteur, si bien équilibré soit-il, commence à vibrer, et par conséquent à fatiguer. Une machine qui travaille toujours à la limite s'use rapidement. C'est pourquoi il est non d'un fou, mais d'un sage de disposer d'un excédent de puissance.

Evidemment les quelques indications que nous venons de donner pour atteindre la vitesse maxima sont valables pour les vitesses intermédiaires. Il ne faut pas déplacer, en plat, une manette sans déplacer les deux autres. Certaines machines ne comportent pas de manettes d'air ; à notre avis c'est une lacune regrettable ; sur ces machines il faut simplement pousser les manettes de gaz et d'avance jusqu'à ce qu'on ait obtenu la vitesse désirée, puis ramener la manette de gaz aussi en arrière qu'on peut le faire sans diminuer cette vitesse. Lorsqu'il y a les trois manettes les manoeuvrer dans cet ordre:

1° ensemble la manette d'avance et celle de gaz.
2° avancer prudemment la manette d'air jusqu'à ce que les ratés se fassent entendre, la ramener légèrement en arrière.
3° ramener la manette de gaz aussi loin qu'on peut sans diminuer la vitesse.
Ascension d'un raidillon
Il suffit de conserver le même réglage qu'en plat, de l'aborder en vitesse et de mettre tous les gaz. Nous entendons par raidillon une pente assez forte mais dont la longueur ne dépasse guère deux cents mètres.
Ascension d'une côte
C'est là vraiment que l'on peut reconnaître le bon motocycliste qui sait tirer vraiment parti de sa monture. Supposons que nous abordions la côte avec le même réglage qu'en plat. Que va-t-il se passer ? Notre machine ralentira, puis son moteur se mettra à cogner, en même temps des ratés se feront entendre ; finalement notre moto s'arrêtera ou si elle ne s'arrête pas elle aura bien du mal à se tirer d'affaire. Interprétons ces différents symptômes.

1° La machine ralentit, celà veut dire qu'elle manque de force.
2° le moteur cogne, cela signifie qu'il y a trop d'avance à l'allumage et que l'explosion se produit avant que le piston soit complètement remonté.
3° des ratés se font entendre, c'està-dire que le nombre de tours du moteur ayant diminué, nous avons trop d'air par rapport à la quantité d'essence.

Notre rôle en côte sera donc de remédier à ces différents défauts:

1° nous donnerons des gaz.
2° nous diminuerons l'avance.
3° nous fermerons l'air.

Mais ces opérations il faut bien se garder de les faire toutes au début de la côte, car nous ralentirions ; nous freinerions pour ainsi dire la marche de notre machine. Nous perdrions tout l'élan que nous avons pris sur le plat, et avec la paire de volants qui tourne dans notre carter, cet élan ne compte pas pour rien. Ce n'est pas dans une circonstance difficile au moment où notre moteur a besoin de toutes ses forces qu'il faut ainsi les gaspiller. Abordons la côte avec tout notre élan.

Mais au fur et à mesure que le moteur ralentira suivons par un mouvement progresif des manettes ce ralentissement. Donnons peu à peu des gaz. N'ouvrons pas les gaz en grand, dès le début, car notre moteur fatigue, la vitesse est plus réduite, par conséquent il y aura une double raison pour qu'il chauffe. Donner tous les gaz immédiatement ce serait s'exposer à le faire caler par suite d'un échauffement exagéré. Nous ne donnerons donc pas de gaz que peu à peu au fur et à mesure qu'il ralentira.

Ne fermons pas l'air tout d'un coup non plus, car ce serait donner un excès d'essence qui contribuerait également à surchauffer le moteur. Il ne faut fermer l'air qu'à regret, de manière à donner au moteur le mélange qui tout en étant le plus efficace l'échauffe le moins. Ce sera progressivement, lentement, que nous ramènerons en arrière la manette d'air. Un des préceptes du vieux tri c'est que l'avance à l'allumage devait suivre la marche du moteur. Il n'en va pas différemment pour la motocyclette. On ne réduira donc l'avance à l'allumage qu'autant que la motocyclette ralentira.

Donc en haut de la côte (nous supposons bien entendu une très forte côte où la moto doive donner son maximum) nous devons avoir les manettes dans les positions suivantes: manette des gaz ouverte en grand, manette d'air presque fermée, manette d'avance à la position de retard. Nous les y aurons amenées d'un mouvement progressif et insensible, en nous réglant sur les indications fournies par la marche du moteur.

Quand faut-il, avec les machines à changement de vitesses, changer de vitesse ? Avec ces machines il faut aborder la côte avec la moitié des gaz environ. Dès que le moteur ralentit sans attendre qu'il cogne, changer de vitesse. Pour cela débrayer bien franchement, changer sans hésitation, relever le pied ou manoeuvrer la manette d'embrayage d'un mouvement progressif mais assez rapide. Essayez en manoeuvrant les manettes, comme il a été dit ci-dessus, d'aller le plus loin possible. Avec la seconde vitesse on doit en effet passer par toutes les côtes carrossables. Si vous ne pouvez réussir, alors seulement passer en première.

Avec les machines à changement de vitesse progressif il faut actionner le changement de vitesse en même temps que l'on modifie la position des manettes. Quand la machine ralentit, diminuer un peu la multiplication, puis donner un peu de gaz, diminuer l'air et l'avance. Quand elle ralentit encore recommencer, etc.
Comment descendre les côtes
Si la descente n'est pas trop forte, débrayer et laisser la machine rouler. Si la machine n'a pas de débrayage fermer la manette des gaz et soulever le décompresseur. Se méfier pourtant de cette manoeuvre d'apparence inoffensive. Il nous souvient d'avoir faussé ainsi une soupape d'échappement qui avait été chauffée au rouge dans une dure montée qui précédait la descente. Le résultat est que le moteur n'ayant plus de compression nous avons été très longtemps avant de savoir d'où cela provenait, car la soupape était en apparence intacte. C'est le truc classique de la bougie qui nous révéla la panne.

Si la descente est forte laissons le moteur embrayé. Coupons l'allumage et les gaz. Le moteur constitue un excellent frein, surtout avec un changement de vitesse. En effet, dans ce cas on admet généralement que les efforts à vaincre empêchent la machine de descendre la côte plus vite qu'elle ne l'aurait montée.
Comment s'arrêter ?
Il faut ménager sa monture et s'arrêter sans brutalité. Arrêter le moteur en ramenant toutes les manettes à leur point de départ. Puis aussitôt débrayer. Laisser la machine finir sur sa lancée en ne se servant du frein qu'en tout dernier lieu. Ne jamais essayer de s'arrêter en bloquant ses freins, si le sol est tant soit peu glissant c'est la chute à peu prés assurée. Se servir toujours pour l'arrêt du frein de la roue arrière, jamais de celui de la roue avant qui n'est qu'un frein de secours. Les freins portent des patins qui s'échauffent et brûlent si on s'en sert de façon continue. Il faut s'en servir d'une manière intermittente. En somme les freins ne doivent rester que des appareils de secours et le bon motocycliste ne doit y avoir recours que dans les cas imprévus. User sans cesse de ses freins c'est user ses pneus, soumettre la transmission, le moteur, le cadre, de sa machine à des secousses et à des chocs très nuisibles.
Comment virer ?
Pour virer certains coureurs se penchent à l'extérieur du virage et couchent leur machine à l'intérieur ; d'autres se penchent avec la machine, à l'intérieur du virage. Par suite des différentes forces qui agissent sur la machine en mouvement, une motocyclette est d'autant plus penchée pour virer qu'elle va plus vite et que le virage est plus court. Elle ne peut jamais virer verticale. Donc le cavalier pour virer doit se pencher sur le côté, pour incliner sa machine, et il doit se pencher d'autant plus qu'il va plus vite. Beaucoup de débutants motocyclistes éprouvent de la difficulté à virer parce qu'ils n'appliquent pas ce principe.

Nous pouvons opérer de diverses manières pour incliner notre machine et la faire virer:

1° déplacer notre corps vers le centre du virage et tirer pour ainsi dire notre machine vers nous de façon à l'incliner.

2° nous pouvons au contraire déplacer notre corps vers l'extérieur et pousser de notre poids la motocyclette de manière à l'incliner. Ces deux mouvements à peine esquissés par le touriste sont au contraire exagérés par le coureur. Le second a en course un gros avantage, c'est qu'en se redressant on peut mieux voir la route et les obstacles éventuels. Pour virer ainsi en vitesse il faut tenir sa machine étroitement serrée entre les genoux. C'est pourquoi on munit généralement les machines de course de coussins de cuir, sur lesquels s'appuient les genoux. En tout cas le guidon ne joue qu'un rôle assez secondaire dans le virage, il fournit au motocycliste un point d'appui pour exécuter les mouvements nécessaires plutôt qu'il ne guide vraiment la machine.

Lorsqu'on veut virer très court, on peut encore utiliser un autre moyen. On touche le sol du pied qui est à l'intérieur du virage. Immédiatement la machine pivote. Mais cette manoeuvre n'a sa raison d'être que dans des virages en épingle à cheveux qu'on n'aborde qu'à une vitesse réduite. Elle nécessite un certain entraînement, car si on laisse frotter le pied un peu plus qu'il ne convient, la moto a tôt fait de faire son tour complet.
Comment tenir le guidon ?
Il ne faut pas comme le font généralement les débutants se cramponner à son guidon avec toute l'énergie du désespoir. Car alors la direction est incertaine et vacillante. Il faut plutôt laisser reposer ses mains sur le guidon que le tenir vraiment. On peut très bien lâcher les mains à motocyclette surtout sur une motocyclette bien équilibrée, cela est même plus facile qu'à bicyclette. Nous n'engageons pas là les débutants à faire de l'acrobatie, nous voulons simplement leur indiquer que la moto est un engin souple et facile à conduire.
Passer sur un terrain gras
Si le passage gras n'est que de quelques mètres, débrayer et passer sans hésitation. S'il dure plus longtemps le traverser à une vitesse modérée mais suffisante cependant pour que le moteur tourne sans à-coup. Se caler solidement sur sa selle, ne pas tenir le guidon trop serré. Conduire la machine avec toute la souplesse possible. Ne pas s'énerver, car un faux mouvement et ce peut être la chute. Avant tout n'ayez pas peur. Si vous n'êtes pas suffisamment familiarisé avec votre machine, descendez sans fausse honte. Cela vaut encore mieux que de tomber.
Les côtes en lacet
Ce sont dans ces côtes que le néophyte est le plus exposé à caler son moteur. Il faudra qu'il vire d'autant plus large que son moteur a moins de réserve de puissance et que la côte a un pourcentage plus élevé. Il faut marcher sans à-coup, avec toute la souplesse possible. Il arrive parfois, qu'en haut d'une côte, se trouve un lacet qui, lui, est en plat. Se méfier, car le moteur à peine on plat repart, et si on ne fait pas attention, on peut être dangereusement déporté.
En cas d'éclatement
Ne pas perdre la tête, mais débrayer immédiatement ou ouvrir le décompresseur, laisser sa machine s'arrêter sur sa lancée, surtout ne pas freiner. L'éclatement n'est véritablement dangereux que dans un virage. Dans ce cas, il faut se laisser déporter en conduisant avec toute la souplesse possible. Pour ne pas éclater, il faut veiller avec soin sur ses pneumatiques, et ne pas trop les gonfler. L'éclatement du pneu arrière est moins dangereux que celui du pneu avant.

Comme on le voit par les quelques conseils qui précèdent, la motocyclette est le plus facile à conduire des véhicules automobiles. Elle n'est, si l'on est prudent, pas plus dangereuse que la simple bicyclette, et elle l'est peut-être moins encore. Au bout de très peu de temps on est absolument chez soi. On regarde l'heure à sa montre, on tire son mouchoir, on boutonne, on déboutonne ses vêtements sans aucune difficulté. Un coup de doigt sur la manette des gaz, une pression du pied sur la pédale de frein et l'on s'arrête en quelques mètres. C'est cette sécurité de la moto qui fait que l'on est parfois entrainé à aller trop vite. Que le débutant se méfie de la griserie de la vitesse. Il faut une grande habitude de la route, une juste appréciation des distances que seul un entraînement méthodique peut donner, pour aller vite à motocyclette. La vitesse maxima du touriste sage c'est du 40 ou du 50 en palier et du 30 ou du 35 de moyenne. Il ne faut risquer de se rompre les os que lorsqu'on doit le faire pour défendre l'honneur d'une maison ou d'un club.
Pages de publicité illustrant le Vade-Mecum du Motocycliste
Vade-Mecum du Motocycliste (3ème édition 1924). Traité pratique sur la bicyclette à moteur, la motocyclette et le sidecar. Par C. Lacome et H.P. Borestroke. Edité par Moto Revue. Revue bi-mensuelle illustrée et technique du Sport Motocycliste. 5 rue Saint Augustin - Paris. Vade-Mecum du Motocycliste (3ème édition 1924)
Traité pratique sur la bicyclette à moteur, la motocyclette et le sidecar
Par C. Lacome et H.P. Borestroke

Edité par Moto Revue
Revue bi-mensuelle illustrée et technique du Sport Motocycliste
5 rue Saint Augustin - Paris
Haut de Page