La sortie, c'est par là ! Vous avez dit Quasar ?
LE FUTURISME BRITISCH
Aérodynamique pour le moins étonnante pour cette Quasar, mais super efficace, de même que la garde au sol assez remarquable: plus de 45° d'angle ! Depuis la cessation d'activités de l'importateur NVT en France, l'avenir des "Anglaises", déjà fort compromis au demeurant, n'apparaît pas sous son meilleur jour. De toutes façons, l'Angleterre n'étant plus ce qu'elle était, rien de bien surprenant à celà... Mais certains Anglais ne se contentent pas de voir s'effondrer la suprêmatie du vertical twin: ils "pensent", s'attaquent à autre chose qu'au sempiternel rotatif fantomatique de NVT, osent même et le résultat est parfois surprenant.

C'est le cas pour cette Quasar que nous avons admirer au berceau. Quasar, c'est avant tout un homme, ou plus exactement son créateur: Malcolm Newel1. Bonhomme étonnant issu de l'aéronautique et que l'on pourrait très vite soupçonner d'avoir un petit avion dans la tête... s'il n'avait réalisé, en construisant cette moto, une chose étonnante. Quelle mouche l'a piqué ?

L'envie de commercialiser une moto de grand tourisme sûre, rapide, économique. Non que cela, dans l'absolu, n'existe pas déjà. Mais en concevant "plus" que cela encore. Ce sont ses masturbations mentales typiquement britanniques qui ont donné naissance à la Quasar.
Du salon à la rue
Construite autour d'un châssis treillis enveloppant sur lequel est adaptée une véritable carrosserie motomobile. Présentée pour la première fois au salon de Londres en 1976, la moto a depuis, suivi une carrière assez mouvementée et, pour tout dire, totalement en dents de scie. Immédiatement bien accueillie par la presse britannique, toujours prête à se passionner pour ce que l'esprit fertile, voire échauffé d'un compatriote a pu pondre, la moto s'est trouvée quasiment lancée du jour au lendemain. "Lancée" dans les esprits, mais pas dans les faits.

Les premiers commentaires qui ont suivi la présentation de la moto étaient pour le moins étonnés. S'agissait-il d'une élucubration futuriste sans avenir ? D'une maquette grandeur nature qui ne dépasserait jamais ce stade ? D'une vraie moto que certains, vu son prix d'environ 40000 Francs, pourraient piloter réellement un jour ? Malcolm Newell a tenu bon et s'est mis à construire des motos.

A l'heure actuelle, une trentaine de Quasar circulent de par le monde, et Malcolm Newell pourrait en produire dix par semaine. Les commandes affluent de toutes parts, mais les fonds manquent à la firme Quasar Motorcycles LTD et Newell cherche des sous ainsi que de nouveaux locaux pour développer sa production.
Demande croissante en GT
La transmission secondaire par arbre et cardan a été, comme le moteur, prise sur une voiture 3 roues Anglaise, la Reliant. Newell est parti, dans ses recherches, de la demande croissante qui existe, en Angleterre comme ailleurs, pour des motos de grand tourisme: "de plus en plus de gens, pas forcément des motards au sens propre du terme d'ailleurs, sont attirés par une moto confortable, de grande puissance, facile à entretenir et économique, également très excitante à piloter. Cette moto doit être capable de voyager à grande vitesse sans efforts pour le pilote".

Conception de la Quasar selon Saint Neweil. Pas idiot d'ailleurs. Il faut reconnaître que les ventes de gros cubes ces derniers temps, et la course à la cylindrée dans laquelle sont engagés les constructeurs Japonais tendent à donner raison à ce digne personnage... et peut-être prêteront vie à sa moto. La Quasar répond à toutes ces préoccupations. Construite autour d'un châssis treillis enveloppant sur lequel est adaptée une véritable carrosserie "motomobile", la Quasar ne répond pas du tout aux critères motocyclistes actuellement en vigueur.
Une moto-voiture ?
Le cadre de la Quasar est en fait un treillis tubulaire réalisé en tube Reynolds 531 enduits d'une couche de nylon. Première grosse surprise bien sûr: ce qui ressemble à une carrosserie. Une enveloppe en polyester faisant à la fois office de coque, de capot moteur, de carénage, de toit, de coffre à bagages, entoure le pilote de partout et le fait un peu ressembler à un automobiliste coupé en deux dans le sens de la longueur. Cela dit, cette coque-carrosserie est loin d'être bête: e11e protège bien le pilote du vent, des intempéries et... des chutes. Pour ce dernier cas, il suffit de laisser glisser la moto (chute la plus fréquente, n'est-ce pas ?) en restant bien à l'intérieur sanglé dans sa ceinture de sécurité.

Aucun point saillant n'arrêtera la glissade qui se terminera, il faut le souhaiter, sans mal pour le pilote. En cas de choc frontal, la roue avant est prévue pour se replier en absorbant ainsi une part du choc et limitant les risques de cabrioles successives. Seconde surprise de taille: la position de conduite. Vous ne "montez" pas sur la Quasar, vous ne "l'enfourchez" pas, vous "entrez dedans", bien qu'elle n'ait (tout de même...) pas de portes.

Un sélecteur pas comme les autres: la pédale du haut sert à monter les vitesses, celle du bas le contraire. Ensuite, vous vous alongez presque sur le dos dans un fauteuil façon siège baquet en cuir assez confortable, il faut le reconnaître, les jambes très en avant, les bras presque tendus pour atteindre le guidon, ou plutôt les deux poignées, qui dépassent de part et d'autre d'un tableau de bord façon Mirage IV ou Lamborghini.

Vous me direz: il n'y a qu'à piloter un chopper pour être assis pareil. A peu près juste, à un détail près: là vous rentrez les jambes à l'intérieur d'une carrosserie, ou presque, et poser le pied à terre aux feux rouges n'est pas si évident que ça. D'autant plus qu'on finit par s'habituer à cette position confortable, qu'on se trouve très bien comme ça et qu'on a vite l'impression qu'en fait la Quasar doit bien être capable de tenir toute seule sur la route !

Tableau de bord doté de quelques gadgets pas inutiles et, bien sûr, de la stéréo. Dans le fond, il manque à cette moto deux patins qui descendraient vers le sol au fur et à mesure de la décélération afin d'y maintenir la moto à chaque arrêt. Au niveau des commandes, rien de bien particulier si ce n'est le sélecteur au pied qui est du type talon-pointe, un embrayage très dur, une boîte de vitesses imprécise.

Pour le reste, du classique à part certains gadgets de type montre, témoins de pression, etc., la plupart sur option. La Quasar est propulsée par un moteur Reliant 4 cylindres 4 temps de 850 cm3 tout alu et refroidi par eau.

Un seul carburateur alimente ce quatre cylindres en ligne qui développe 41 ch à 5500 tr/mn. La transmission secondaire est confiée à un cardan, la boîte dispose de quatre rapports.
Pour près de 40000 F
L'ensemble pèse 310 kg. En option: des ceintures de sécurité, des anti-brouillard, des sacoches d'un volume d'un mètre cube, une baladeuse se branchant sur la prise allume-cigare, une montre, une tente utilisant la Quasar comme structure (source d'électricité et de chauffage !!!) la stéréo-cassettes, peinture personnalisée, des casques avec écouteurs reliables à la stéréo et assortis à la carrosserie. Voilà de quoi séduire les plus exigeants !
La Quasar n'est pas une fantaisie soudaine
Le dessin de base date de 1969. La production a commencé en 1977, mais l'usine (pièces de chemin de fer, etc.) n'est pas adaptée à la production moto. En fait, la moto est pratiquement construite à la main et la production est presque à l'arrêt faute d'argent. En Angleterre, le taux d'investissement est très bas et puisqu'il s'agit d'une moto qui n'est pas "un engin sérieux", l'entreprise en supporte le contrecoup.

Quasar cherche des fonds privés ou l'absorption par un autre groupe. La production pourrait tourner à 10 unités par semaine pour l'année 1980 et augmenter suivant la demande. La moto est chère: 4000 Livres, soit pas loin de 40000 F au taux actuel du change. Mais sa longévité est, d'après le constructeur, quatre fois supérieure à celle d'une Japonnaise !
Fiche technique
Moteur
Type: "Reliant" 4 cylindres en ligne, 4 temps, tout aluminium.
Cylindrée: 850 cm3.
Puissance: 41 ch à 5500 tr/mn.
Compression: 9 à 1.
Refroidissement: par eau.
Boîte: 4 vitesses (3,88 - 2,05 - 1,32 - 1,00).
Transmission: secondaire par arbre et cardans, rapport 3,5 à 1.
Démarreur: électrique.

Partie-cycle
Cadre: de type aéronautique en tubes Reynolds 531 enduits d'une couche de nylon.
Suspensions: amortisseurs Girling à gaz, amortisseur de direction hydraulique.
Roues: en alu LM 25 chauffé auto-nettoyantes, créées en coopération avec Avon pour être chaussée par des Roadrunners tubelese de 4,25 x 18.
Freins: Lockeed double disque hydraulique à l'avant, simple à l'arrière.
Coque: enveloppante recouvrant le treillis tubulaire, réalisée en GRP (Glass Reinforced Plastic). Panneaux montés par fixations rapides de type aviation. Pare-brise en verre renforcé laminé et fumé.
Poids: 150 kg
Prix: 4000 livres Sterling (sans options)

Constructeur
Malcolm Newell Ouasa Motorcycles LTD, Morley Road, Stapple Hill, Bristol BS 16 40F Angleterre
Informations tirées de Moto Revue.
Par G. Spencer Davison.
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