La sortie, c'est par là ! Guy Bertin
Certains d'entre vous se souviendront du petit gars qui a gagné en début de saison à Nogaro, devant toute la fine fleur de la vitesse Française. Un pilote rapide donc, mais aussi un garçon calme, au lent parlé de Savoyard, qui va nous raconter comment il est parvenu au top niveau de votre sport favori. Laissons lui la parole.

Guy Bertin Guy passe taquet dans la grande courbe qui précède les tribunes à Silverstone, lors du Grand Prix d'Angleterre. On voit sur la photo en paquet qu'il est sur une trajectoire nettement meilleure que les autres pilotes, qui sont eux, déportés vers l'extérieur. Guy Bertin:
J'ai 22 ans, bientôt 23, je suis né à Aix-les-Bains, où j'habite toujours ; je n'ai pas poursuivi d'études, et dès que j'ai pu, je suis entré dans la vie active en qualité de mécanicien.

Donc, dès l'âge de 14 ans, avec Paul Bocquet qui habitait à côté de chez moi, nous bricolions ferme sur les cinquante, allant même jusqu'à monter un distributeur rotatif sur une Malagutti trois vitesses... J'ai attrapé le virus de la course dès que j'ai pu conduire, et parcourir les courses de la région. Mais sagement, pas en kamikaze, car je conduis très prudemment sur la route.

D'ailleurs, à l'époque, personne n'aurait pu imaginer que j'irai vite sur un circuit. A seize ans, j'ai tout naturellement passé mon permis de conduire, et le même jour, j'envoyais ma demande de licence à la Fédération. A l'époque, donc en 1971, j'ai participé à certaines épreuves de critérium avec la 250 Suzuki d'un ami, ainsi qu'à quelques courses de côte (nombreuses dans la région) sur une 250 Kawasaki cette fois, qui appartenait, elle aussi, à un copain.

Moto-Presse:
On remarquera que les amis de Guy tiennent un grand rôle dans sa vie, et que, quelques fois, " quand rien ne va plus " tout s'arrange grâce à eux.

Guy Bertin:
Fin 71, poussé par le démon de la mécanique et souhaitant piloter autre chose que des machines de série, j'ai acheté une 125 Yamaha. Puis nous avons travaillé sur le cadre et le moteur, pour essayer de rendre le tout plus compétitif en Championnat National. En 72, je n'ai pas beaucoup de résultats, n'ayant pas pu participer à beaucoup de courses.

Moto-Presse:
Pourtant, on peut se souvenir de la dernière épreuve de la saison à Magny-Cours, où Guy se bagarrait ferme avec Fernandez, virtuel Champion de France.

Guy Bertin:
Guy passe taquet dans la grande courbe qui précède les tribunes à Silverstone, lors du Grand Prix d'Angleterre. Puis vinrent les premiers résultats avec une victoire à Nogaro et une seconde place à Cannes, malheureusement, la moto ne tenait pas le choc, et je ne me souviens pas d'avoir terminé une course de tout le reste de la saison. Durant l'hiver, nous avons fait un cadre avec l'aide d'André Bédoni, dans lequel nous avions placé le même moteur. Effectivement, la moto tenait mieux la route, mais le moteur était toujours aussi fragile, et la saison 74 se solda par une succession de casses mécaniques. Je me rattrapai sur les courses de côte, où j'obtins de nombreux résultats, puisque j'ai pratiquement gagné toutes celles auxquelles j'ai participé.

L'avantage des côtes, c'est que ce n'était jamais très loin de chez moi, que le moteur n'avait pas le temps de casser, mais, dans le fond, cela ne m'intéressait pas, préférant de loin les circuits. C'est à la dernière course de la saison, au Castellet, que j'ai eu l'occasion de piloter ma première TZ Yamaha. Je m'en suis bien sorti, puisque j'ai terminé septième et surtout, premier national. La moto m'avait été prêtée par Bétemps.

Devant le résultat obtenu, il me proposa de rentrer chez lui faire la mécanique client, et de me prêter deux TZ pour la saison 75, afin de participer au Championnat Inter. Comptant sur ces deux machines, je n'avais rien prévu pendant l'hiver, et j'attendais avec impatience le début de saison. C'est alors, qu'une semaine avant le GP de France, Bétemps a vendu tout le matériel course de son écurie. Bien sûr, je n'ai pas pu courir. Ça a été comme ça toute la saison et, en désespoir de cause, j'ai récupéré mon ancienne 125 pour prendre quand même quelques départs. Cela a été aussi catastrophique que l'année précédente, surtout qu'on ne me laissait jamais le temps de faire aucun travail sur la moto.

Moto-Presse:
Voilà une saison de perdue. Toujours pas de grands résultats à son actif, alors que Guy espérait profiter de cette première saison inter, pour faire parler de lui.

Guy Bertin:
Une phase du duel qui opposa Bertin à Fernandez (N° 1) lors de la manche avignonaise des FII. C'est Fernandez qui prendra le meilleur temps lors de l'avant-dernier tour mais c'est Guy qui remporte le Championnat. C'est alors que mon père s'est mis de la partie, en finançant, pour 76, une TZ. Rouen, Le Castellet, Dijon, ce sont les épreuves du Championnat Inter qui commencent avec quelques bonnes prestations: une victoire à Cannes, une à Albi, et c'est une cinquième place au Championnat. D'un autre côté, je travaillais toujours chez Bétemps, mais les conditions se dégradaient de plus en plus, et cela devenait impossible de courir en travaillant chez lui.

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Voici donc Guy, avec une cinquième place en FII et le désir de faire de 77 la saison de sa jeune carrière. Il commence par faire le Salon son book sous le bras, à la recherche de contrats. Désorienté par ce côté de la course qui lui échappe, ce sera un échec, et seul, un contrat Ségura sera trouvé. Voici donc notre pilote avec un cuir, et c'est tout... La chaîne de l'amitié va de nouveau fonctionner.

Guy Bertin:
C'est Dominique Charlin qui va sauver les meubles, en m'avançant l'argent d'une TZ neuve, avec les parents de Chantal, ma fiancée. Il fallait encore trouver un fourgon pour me déplacer ; j'ai alors fait appel au Moto Club d'Aix pour qu'il en achète un, et qu'il me le prête. Tout semblait marcher, quand les autres pilotes du Club se sont opposés à ce que cela se fasse. A ce moment, est intervenu un autre ami, Michel Daltoe, qui m'a acheté un fourgon qu'il m'a prêté. Cela se passait trois jours avant Nogaro.

Moto-Presse:
Nogaro, une magnifique victoire qui va ouvrir à notre ami pas mal de portes dans le milieu.

Guy Bertin:
En bagarre avec Mario Lega (N° 167) champion du monde 250 cette saison, lors du Grand Prix de France cette saison au Castelet. Bien que Guy avoue avoir quelques difficultés à doubler les pilotes, il est accrocheur et il est difficile de le larguer. En effet, Jacky Hutteau va trouver Nolan, leur parle de moi, et tout s'est fait sur place. Un bon contrat qui m'a plus qu'aidé, l'appui de Total, et j'ai pu effectuer enfin une saison dans de bonnes conditions.

Moto-Presse:
Guy, enfin lancé, va pouvoir prouver, tout au long de cette saison, ses qualités. Souvent meilleur temps des pilotes français aux essais, des courses en bagarre avec les grands de la vitesse, des places dans les dix premiers en Grands Prix. Voilà une première saison du Continental Circus prometteuse. Qui plus est, il a su ne pas oublier le Championnat de France, où il a remporté le titre en 250 cc, alors qu'en endurance, Guy a été engagé par M. Villaseca, pour conduire une Japauto au Bol, ce qui n'est pas une mince référence.
Informations tirées de Moto-Presse du 19 au 26 octobre 1977.
Par Laurent Paul.
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