La sortie, c'est par là ! Claude Fior
Un géant nous a quitté
Claude Fior. La 500 Fior et le Renault Spider, sans doute les deux réalisations dont il était le plus fier. A 46 ans, Claude Fior a disparu accidentellement aux commandes de son avion de tourisme la semaine dernière. De retour vers Nogaro, partant de Paris, il s'est crashé dans le brouillard à quelques minutes de sa destination. Moto Journal partage la douleur de ses proches et revient sur cet homme d'exception qui fut un des grands artisans Français des sports mécaniques en tous genres. La légende veut que la mère de Claude Fior vit passer son fiston, alors âgé de 9 ans, en Solex devant la fenêtre de la maison familiale à l'heure du déjeuner. Ce midi-là,les parents du petit Fior ont dû déjeuner sans lui, habitués à ses innombrables frasques d'enfant turbulent. Au moment du dessert, maman Fior vit repasser son fiston sur son Solex... avec le moteur monté à l'arrière. Deux heures lui avaient suffi pour créer le premier Vélosolex à propulsion !

Pif voulait monter un moteur de Honda 500 RS de GP (trois cylindres de 130 ch) sur son kart. L'accident fatal à Marco Gentile mit fin à ce projet. Tel était Claude Fior, très tôt surnommé "Pif", qu'on pourrait comparer à un Guy Coulon ou un Alain Chevallier. De l'or dans les mains, du génie dans le cerveau, une rapidité d'exécution phénoménale et un goût inaltérable pour l'invention. A tel point que répertorier intégralement ses réalisations techniques demanderait un dictionnaire. Cet homme-là touchait à tout, du vélo à la moto en passant par le kart, le cyclo, l'ULM, l'automobile...

Bon pilote lui-même (il avait couru en national et en Endurance à ses débuts), il se consacra très vite intégralement à son don pour l'invention et réalisa d'innombrables machines de course caractérisées par leur châssis alu doté d'une fourche à deux triangles superposés. Une génération de pilotes Français (Guilleux, Boudinot, Robinet, Fontan, Rapicault, Guignabodet, Lafond...) a roulé sur des motos Fior, mais ses plus beaux résultats furent conquis par le Suisse Marco Gentile, qui s'illustra en Grand Prix au guidon d'une 500 Fior à moteur quatre cylindres Krauser.

Après le décès accidentel de son pilote fétiche sur un kart maison équipé d'un moteur de 350 TZ, le coeur déchiré, Pif tira un trait sur la moto. La foi n'y était plus: "Quand tu ne vis plus quelque chose qui t'émoustille, il faut partir", déclara-t-il alors. Mais son talent d'exception ne passait pas inaperçu.

Avant l'heure, la chasse au poids sur un VTT maison. Ainsi, Renault fit appel à lui pour dessiner et réaliser les premiers protos du châssis aluminium du Spider, que tout le monde a vu au moins une fois dans la rue. Car Pif était devenu un vrai spécialiste du travail de l'aluminium. Sa collaboration avec le premier constructeur automobile Français se poursuivit avec la réalisation de la Campus, une monoplace destinée à former de jeunes pilotes et véhiculer l'image Renault à travers le monde. Pour cela, Pif était passé aux grands moyens: devenu patron de 35 employés, il avait monté cette formule jusqu'en Asie. Côté moto, il collaborait encore récemment avec Thierry Henriette sur des protos Aprilia de route. Passionné d'aviation comme de nombreux amateurs de moto, il s'adonnait à ses heures perdues à des virées en ULM ou en avion. Mais cet homme enjoué, amoureux de son Gers natal, ce Gascon type avec son accent à la Cabrel restait au fond de lui un grand amateur de sensations fortes. Ainsi, dès que le temps tournait à la pluie, il courait sortir sa vieille Américaine et emmenait qui voulait pour de grandes dérives en travers sur le circuit de Nogaro, auquel son atelier était accolé. La passion du pilotage restait ancrée en lui, et ce goût du jeu ne devait plus le quitter.
Parcours
Pif, c'était ça aussi: une énergie hors du commun et cette perpétuelle envie de jouer pour se faire plaisir. Là, c'est un fémur qui n'avait pas résisté à quelques débordements du bouillant créateur. Né le 23 juillet 1955
Lieu de résidence: Nogaro
Première expérience mécanique à 9 ans sur un Solex.
Titulaire d'un BEP de mécanicien auto.
Mécanicien chez Citroën (8 mois).
Mécanicien Formule Renault, Formule 3 (2 ans).

1976: il s'installe en nom propre, construit son premier prototype et débute en tant que pilote.

1980: arrête la compétition.

1981: construit la 500 Fior-Yamaha de Marc Fontan.

1982/83: construit la 500 Fior-Suzuki de Jean lafond.

1984/85: construit la 500 Fior-Honda de René Lavigne et Philippe Robinet.

1986/87: construit la 500 Fior-Honda de Marco Gentile et Thierry Rapicault ainsi que la 250 Fior-Rotax de Christian Boudinot et Jean-louis Guignabodet.

1988: construit deux 500 Fior quatre cylindres pour Marco Gentile.

1989: construction de deux nouvelles 500 Fior quatre cylindres pour Marco Gentile.
Palmarès
1980: premier podium en Endurance.

1982: première victoire en championnat d'Europe 500 avec Jean Lafond.

1986: débuts en GP avec Marco Gentile.

1987: premier point en GP 500 avec Marco Gentile et champion de France Open 500 avec Thierry Rapicault.
Informations tirées de Moto Journal N° 1499 du 20 décembre 2001.
Par Bruno Gillet. Photos archives.
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