La sortie, c'est par là ! Mike Hailwood: la fin d'une époque
Il s'appelait Mike Hailwood
Mike Hailwood. L'un des plus grands noms de l'histoire de la compétition est mort lundi des suites d'un accident de circulation. Il s'appelait Mike Hailwood et représentait, pour beaucoup, un certain nombre de choses...

Mike Hailwood est mort: lundi après midi, brutalement, la nouvelle nous arrive d'Angleterre et nous laisse tous, jeunes ou moins jeunes, étrangement silencieux. Parce que Mike Hailwood, pour tous ceux qui se sont un jour intéressés à la moto, représente beaucoup plus qu'un palmarès, aussi brillant soit-il. La disparition d'Hailwood est un peu celle d'une époque et d'une certaine façon de courir qui ne correspond presque en rien à ce que nous connaissons aujourd'hui: une époque révolue et un personnage réellement hors du commun, il n'en fallait guère plus pour faire de Hailwood, "Mike The Bike", un véritable mythe...

L'impact de ce nom magique, Mike Hailwood, est certainement lié à une certaine époque. Les années soixante, véritable désert commercial pour le monde de la moto, devait être paradoxalement les plus riches en machine de prestige dans le domaine de la compétition. Entre 1958, date de ses débuts officiels et 1967, date de son vrai retrait de la compétition au plus haut niveau, "Mike the Bike" ("Mike la moto" comme devait le surnommer ses compatriotes) devait piloter la presque totalité des plus célèbres machines de course:

9 titres de champion du monde, 12 victoires au T.T., 77 victoires en Grand Prix à l'époque où la guerre entre usines était la plus difficile. Norton Manx, 125 Paton, Ducati, NSU, puis MV et enfin la grande époque des Honda d'usine. Sur le plan humain, le nom de Hailwood est lié à celui de toutes ces figures de la course avec lesquelles il devait lutter sur tous les circuits du monde pour la plus grande joie de millions de fanatiques: Ken Kavanagh, Luigi Taveri, John Surtees, Tarquinio Provini, Carlo Ubbiali, Jim Redman, Tom Phillis, Bob Mc Intyre, John Hartle etc. Les dernières années enfin seront marquées par les duels homériques entre Mike et son ancien compagnon de chez MV, Giacomo Agostini.

Après avoir quitté la moto (son contrat avec Honda lui interdisait de piloter d'autres machines même après le retrait de l'usine) Hailwood s'était tourné un instant vers l'automobile: champion d'Europe de Formule 2, il devait gravement s'abîmer une cheville au cours d'une des premières épreuves du championnat du monde de F1. Son palmarès proprement dit, après plus de dix ans de compétition, est l'un des plus riches que l'on puisse imaginer: 9 titres de champion du monde, 12 victoires au T.T., 77 victoires en Grand Prix à l'époque où la guerre entre usines était la plus difficile.
Le mythe
Mike The Bike. Mais ces résultats seuls, aussi fantastiques soient-ils, ne justifient certainement pas le "mythe" Hailwood. Fils d'un père richissime, Mike aurait pu, s'il l'avait voulu, mener une existence facile et vaine de fils à papa milliardaire. Mais dès son plus jeune age, Mike manifestait une passion dévorante pour les sports mécaniques. Tout en même temps, il faisait preuve de cette exceptionnelle propension à se donner corps et âme à la seule chose qui pouvait donner un sens à sa vie: gagner. Comme De Portago, Piers Courage ou Peter Revson, tous trois morts en course, Mike était un de ces hommes débarassés de tout souci pécuniaire, et uniquement occupé par cette ivresse curieuse que l'on n'éprouve qu'en piste.

Aller vite, prendre des risques calculés dans le seul but de se battre contre les autres et contre soi-même. Il en découlait, pour lui comme pour quelques autres, une sorte de panache entièrement dû au côté gratuit de la chose: l'argent, le besoin de promotion sociale ou tout autre mobile secondaire était alors écarté pour laisser toute la place au plaisir de courir. Vaguement jalousé à ses débuts (Le fric est souvent mal reçu dans le monde des "privés") Hailwood n'allait pas tarder à conquérir l'estime, quand ce n'était pas l'amitié, de tous ses adversaires. "Mike The Bike", parce qu'il était formidablement doué et galvanisé par cette passion presque palpable, ne pouvait laisser personne insensible. En 1978, lorsque lassé par une vie trop tranquille sous des soleils éternels, il reprenait un guidon, des centaines de milliers d'Anglais ont fait le voyage du T.T. et lorsque, fidèle à sa légende, Hailwood rentre en tête à Douglas, il renoue une fois encore avec cette joie intacte qu'il avait presque oubliée.

"Lorsque l'on fait plus de trois cent soixante kilomètres entre des rangées d'amis qui agitent leur main, leur mouchoir ou leur chapeau, pour vous saluer, nous disait-il à l'arrivée, c'est tout simplement fantastique. Cela peut paraître idiot, mais je ne trouve pas d'autres mots..."

La dernière fois que nous avons vu Hailwood, c'était au début du mois à Daytona. Mike y était venu en spectateur et nous lui avions, bien sûr, posé la question rituelle: envisageait-il, cette année encore, de reprendre le guidon à l'occasion du prochain T.T. ? Evasif, il s'était contenté de répondre en souriant qu'il déciderait plus tard de son avenir immédiat. Un chauffeur de poids lourd, dans la banlieue de Birmingham, a définitivement réglé la question...
Un palmarès exceptionnel
1958: 4ème du championnat du monde 250 cm3 (NSU).

1959: 3ème du championnat du monde 125 cm3 (Ducati), 5ème du championnat du monde 250 cm3 (Mondial).

1960: 5ème du championnat du monde 250 cm3 (Ducati).

1961: champion du monde 250 cm3 (Honda), 2ème du championnat du monde 500 cm3 (Norton et MV Augusta).

1962: champion du monde 500 cm3 (MV Augusta), 5ème du championnat du monde 125 cm3 (EMC), 3ème du championnat du monde 350 cm3 (MV Augusta).

1963: champion du monde 500 cm3 (MV Augusta), 2ème du championnat du monde 350 cm3 (MV Augusta).

1964: champion du monde 500 cm3 (MV Augusta), 4ème du championnat du monde 350 cm3 (MV Augusta).

1965: champion du monde 500 cm3 (MV Augusta), 3ème du championnat du monde 350 cm3 (MV Augusta).

1966: champion du monde 250 cm3 (Honda), champion du monde 350 cm3 (Honda), 2ème du championnat du monde 500 cm3 (Honda).

1967: champion du monde 250 cm3 (Honda), champion du monde 350 cm3 (Honda), 2ème du championnat du monde 500 cm3 (Honda).

1972: champion d'Europe de Formule 2 automobile.
L'accident
C'est en fin d'après-midi, samedi 21 mars, que Mike Hailwood devait prendre sa voiture pour conduire ses deux enfants en ville. Sur une route à double voie, dans la banlieue de Birmingham, un poids lourd a, sans raison, effectué un demi-tour et la Rover de Mike Hailwood est venue s'encastrer dans l'arrière du camion.

Sa fille aînée, Michèle, 9 ans, devait être éjectée et tuée sur le coup tandis que son fils David était lui aussi éjecté mais sans blessures graves. Mike Hailwood, gravement touché à la tête était alors transporté au service des urgences de l'hôpital de la ville où il devait succomber dans l'après midi de lundi. Il était âgé de 42 ans.
Informations tirées de Moto Revue.
Par Ph. Michel
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