La sortie, c'est par là ! Alain Michel: l'Homme
Une fois le side construit, Alain Michel emmène Garcia l'essayer au Castellet. Une fois dans le panier, il se trouve bien et décide de faire équipe avec Michel pour la saison. Alain Michel est un passionné, passionné de pilotage et de mécanique, il a atteint à 24 ans, le meilleur niveau mondial en side-car, ce qu'aucun français n'avait réussi avant lui. La consécration, il l'a connue cette année au Grand Prix de France qu'il gagna devant son public, en battant tous les ténors Anglais et Allemands. Pour en arriver là, il lui a fallu une sacrée dose de courage et de travail. Il n'a jamais aimé les études et dès qu'il a su tenir en équilibre sur un vélo, il apprit à faire des roues arrières et des dérapages.

Vers 8 ans, il empruntait les mobylettes de ses copains et affirmait déjà une technique de pilotage étonnante. A treize ans il totalise quelques milliers de kilomètres en deux roues et seulement quelques heures d'école. Comme par hasard il va "bosser" chez un constructeur de formule France, alliant boulot et compétition.

Ses premières motos, 125 puis 450 Honda, reçoivent d'entrée des modifications pour augmenter la garde au sol et la tenue de route. Avec ses pot relevés et ses pneus racing, il va rouler sur la route comme il l'aime: de plus en plus vite. Mais les risques sont là et souvent, trop souvent il chute et se retrouve à l'hôpital plusieurs fois dans un état grave. Aussi, il vient tout naturellement à la vitesse sur circuit et en course de côte.

Nous sommes en 1972 et il va s'illustrer avec sa 450 Honda en Coupe des Quatre Saisons et en Trophée 500. Bien sûr, la même moto servait aux deux épreuves. Il passait son temps à la préparer pour les Trophées et à la remettre d'origine pour la coupe. D'entrée les résultats sont là: il gagne les Quatre Saisons et termine second des Trophés. L'année suivante, il fait l'acquisition de sa première vraie moto de course, une Yamsel, TD2. Hélas, sa machine est un vrai piège et elle cassera tout le temps.

Il fait du journalisme pour un mensuel et son boulot de rédacteur-essayeur lui permet de gagner un peu d'argent tout en conduisant des motos. Cela ne dure qu'un temps, car la passion de la mécanique est la plus forte et en 74, il s'installe à Ancône et ouvre un garage. Il vend sa 450 et consacre son année à amortir les frais de lancement de son affaire. Tout se joue en 75 quand son beau-frère lui demande de s'occuper d'un side-car de vitesse monté avec une 750 Kawasaki H2. La H2 n'est pas vraiment solide et s'il réalise de bons temps aux essais il casse tout le temps en course.

La poignée de gaz est directement à quatre câbles, il n'y a donc pas de relais. On voit au centre et verticalement, l'axe du guidon qui commande les renvois de direction. La durite qui passe en dessous est en acier et emmène le lookeed à la pince avant. Aussi en fin de saison, il change de moteur et prend une Suzuki. Pendant la course d'Avignon, sa pompe à essence l'abandonne dès le troisième tour et alors qu'il remballe le matériel, il apprend qu'il a réalisé le troisième temps derrière Biland et Trachel, une sérieuse référence !

Après un départ en tête il pulvérise ses plaquettes de frein au bout de la ligne droite et termine au service de la Croix-Rouge, pulvérisant palissades, ambulance et infirmiers. Malgré ces quelques avatars, le pli est pris et Alain décide de mettre le paquet.

Pour cela, il achète une Yamaha TZ quatre cylindres. Pour le chassis, son beau-frère, Jean-Louis Chazanion, travaillant chez GEP et possédant lui aussi un side, s'en occupera. Le premier problème se pose au niveau des passagers.

Les garçons qui les accompagnent d'habitude ont décidé de construire un bateau et de partir faire le tour du monde. C'est alors qu'il fait connaissance de Garcia, qui l'a contacté pour se faire construire, lui aussi, un side.

Une fois le side construit, Alain Michel emmène Garcia l'essayer au Castellet. Une fois dans le panier, il se trouve bien et décide de faire équipe avec Michel pour la saison. Arrive le Grand Prix de France 1976 au Mans, et le public découvre cet équipage Français totalement inconnu qui prendra la seconde place. L'entente de l'équipe est parfaite malgré le peu de moyens financiers dont ils disposent, ils tentent la grande aventure des Grands Prix. Engagés de justesse en Autriche, ils ne peuvent terminer que sixième, le moteur manquant vraiment de souffle sur ce circuit très rapide.

Lors des essais du GP de France victorieux. Le grand, qui pousse avec Lecorre, est Pierre Perillat le mécanicien de cette saison. Il a avalé la moitié du budget de la saison en bouffe, mais c'est un mécanicien exceptionnel. Il m'a quitté car je n'ai pas les moyens de le payer pendant l'hiver, et lui, a besoin de vivre. Cette place leur permet quand même d'être en tête des championnats du monde. Une seconde place et puis une sixième, vont-il créer la surprise chez les sidecaristes ? Hélas, l'apprentissage des Grands Prix se fait souvent à leurs dépends. Alors c'est l'abandon en Hollande, une dizième place en Belgique, une neuvième en Tchécoslovaquie, puis ils passent à côté d'une performance étonnante en Allemagne... Sur le Nurburgring, ils sont en tête devant l'Allemand Swarzel, considéré comme le pilote le plus rapide du lot.

Dans le dernier tour, obligé de changer sa trajectoire, pour doubler un attardé, Michel se paye un superbe demi-tour. Le side est trop abimé pour repartir et c'est l'abandon. C'était le dernier G.P. de la saison et ils terminent neuvième au championnat du monde. Une belle performance pour une première année de participation au Continental Circus. En championnat de FRANCE INTER, Ils remportent toutes les épreuves et gagnent donc le titre sans grands problèmes. Le bilan de la saison étant plutôt positif, l'hiver est consacré à la fabrication d'un nouveau chassis dans lequel le passager n'aura pas à sortir.

Bernard Garcia a trouvé un autre pilote, en la personne d'une jeune fille et il quitte la compétition pour fonder une petite famille. Gérard Lecorre, qui fut longtemps le passager de Pourcelet, sera le "singe" 77. Le début de saison 77 est satisfaisant, malgré une sortie de route au Ricard dans la courbe des Signes lors des 200 miles. Ils gagnent la course inter de Mettet et la nouvelle équipe est donc fin prête pour attaquer les Grands Prix. Ils débutent en Autriche et finissent troisième, le carénage qui supporte le pilote s'étant à moitié détaché. Puis vient le G.P. d'Allemagne qui se solde par une septième place à la suite d'un changement de pneu au bout de quelques tours.

Cette déception sera effacée par sa victoire au G.P. de France toujours sur le circuit du Castellet, qu'il connaît très bien. Le chassis était parfaitement réglé, et ils purent, après l'abandon de Biland dès le premier tour, faire le trou et remporter la course avec plus de trente secondes d'avance sur le second O'Dell. Persuadé de repartir encore trente secondes avant tout le monde après son arrêt, Michel ne force pas et ne comprend pas son panneautage lui indiquant qu'il est seulement septième, loin derrière le groupe de tête. Cette déception sera effacée par sa victoire au G.P. de France toujours sur le circuit du Castellet, qu'il connaît très bien. Le chassis était parfaitement réglé, et ils purent, après l'abandon de Biland dès le premier tour, faire le trou et remporter la course avec plus de trente secondes d'avance sur le second O'Dell.

Les problèmes commencent à Spa où le chassis montre ses limites. Dans les courbes "à fond", qui caractérisent ce circuit, il devient à géométrie variable et en plus certains points d'ancrage importants comme ceux des triangles de roues sont mal étudiés. Pendant l'hiver, Michel avait commencé un chassis tubulaire pour Pourcelet, mais ne l'avait pas terminé. Aussi, il se remet au travail et début août, le nouveau side fait ses premiers tours de roue au Castellet. Aussitôt il se révèle très efficace car il gagne deux secondes sur le petit circuit par rapport à sa dernière séance d'essais avec l'ancien chassis. Un autre moteur, à base d'OW 31, c'est donc un attelage tout neuf que Michel et Lecorre étrennent au G.P. de Tchécoslovaquie.

Un mois plus tard, c'est le Grand Prix de Hollande, sur le circuit très technique d'Assen. Une superbe bagarre l'opposera au Suisse Biland, mais ce jour-là, Michel devra se contenter de la seconde place. Les pays de l'Est ne se montreront pas favorables à nos deux compères. Plusieurs serrages aux essais, puis une casse de vilebrequin dans les premiers tours de la course qui achèvera les carter-moteurs. La semaine suivante, nous nous retrouvons en Angleterre pour la dernière manche de ces championnats du monde 77. Après un départ moyen, Michel double beaucoup de monde, dans les gerbes d'eau soulevées par les autres équipages. Comme de la buée se forme dans son casque, Michel profite de la ligne droite pour prendre celle de Lecorre et essaye de la fixer. Mais rien ne va plus et ils doivent s'arrêter, perdant de précieux points. Alain se retrouve donc à la cinquième place de ces championnats du monde. Une autre très bonne performance pour cette seconde année, mais, vu les résultats de début de saison, tout le monde espérait en silence un titre ou du moins un accessit. L'année dernière 9e, cette année 5e, vous voyez ou je veux en venir ! A l'année prochaine.
Informations tirées de MOTO-Presse N° 16 du 21 décembre 1977.
Par Laurent Gomis.
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